Ainsi, 90 % d’entre eux se déclarent soucieux du
risque sanitaire que les pesticides engendrent. Vient ensuite la qualité des
aliments (89 % d’inquiets), suivie de la pollution des sols (85 %), la qualité
de l'eau du robinet (77 %), les produits ménagers (73 %), le bruit
(69 %) et les ondes électromagnétiques (64 %). Dans ce contexte, les Français veulent être protégés. Plus de
neuf sondés sur dix (93 %) souhaitent « réduire très fortement
l'utilisation des pesticides dans les activités agricoles ». Une
proportion similaire se montre favorable à « un étiquetage d'alerte
concernant les effets polluants des produits ménagers et d'autres produits
(peintures, aérosols…) sur l'air intérieur ». Enfin, les trois quarts
d’entre eux voudraient voir la part des produits bio dans les cantines
scolaires augmenter.
Et pourtant le premier volet des Etats Généraux de l’alimentation
s’achève sur une déception. "Des
décisions récentes sont incohérentes avec les objectifs des Etats généraux,
explique Bernard Pineau, directeur général du CCFD-Terre Solidaire. Il cite « la non opposition à l'entrée en vigueur du CETA, l'abandon des aides au maintien
dans l'agriculture biologique. Cela sape
la confiance". Dans un entretien au JDD ce week-end Nicolas
Hulot le ministre de la Transition écologique affirme qu'il envisage
d'interdire le glyphosate avant la fin du mandat d'Emmanuel Macron. Sans donner
d’échéance précise. La tâche est rude face à des esprits chagrins. Et Nicolas
Hulot de préciser dans une autre interview : "La complexité, c’est
que je dois en permanence combiner le long terme et le court terme. [...] Je
travaille dix-huit heures par jour et je n’ai guère de temps pour communiquer.
[...] Sans mauvais jeu de mots, j’ai la tête sous l’eau".
J’ai beau être optimiste de nature, force est de constater que les études qui se
succèdent n’annoncent rien de bon. Il y a quelques jours il s’agissait de
révélation autour des jeunes garçons et des perturbateurs endocriniens. Je ne
peux m'empècher de penser aux miens. Une étude de l’INSERM menée entre 2003 et
2006 (j’ai d’ailleurs été enceinte à cette période) révèle que l'exposition
maternelle à certains phénols et phtalates est associée à des troubles du
comportement des petits garçons. L'exposition au bisphénol A est associée à une augmentation des troubles
relationnels à 3 ans et des comportements de type hyperactif à 5 ans. Les
chercheurs notent que ce travail confirme ainsi que les effets du bisphénol A
sur le comportement observé chez l'animal de laboratoire se retrouvent chez
l'humain à des expositions faibles, probablement inférieures à celles
préconisées par l'autorité européenne de sécurité alimentaire, l'EFSA. J'en suis bouche bée.
Et que dire des couches culottes ?
J’avais suivi l’affaire quand elle avait été dévoilée mais j’en ai reparlé à l’occasion
d’un débat que je vais animer demain, 17 octobre à l’Imago au pied de Greenflex.
En 2016 une enquête du magazine 60 millions deconsommateurs a un effet coup de poing : sur les 12 marques de couches culottes étudiées,
seules deux ne contiennent pas de résidus potentiellement toxiques. Selon les auteurs de l'enquête, les langes qui protègent les fesses des
nourrissons contiennent des résidus de pesticides, comme le glyphosate, des
dioxines, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des traces de
composés organiques volatils. Parmi les marques qui tirent leur épingle du jeu celle de Leclerc «Mots
d'enfants» et Love & Green. Céline Augusto cofondatrice de Love andGreen m’a clairement expliqué qu’on reste dans le flou total sur le
sujet. Faute de réglementation. Elle espère bien que les lignes vont bouger.
Bercy a indiqué « faire preuve de vigilance ».Là encore je suis bouche bée.
Les Français eux commencent à s’impatienter et
s’estiment mal informés sur les risques liés à leur environnement. Toujours
selon l’étude d’Harris Interactive , pour plus d’un tiers des sondés l’information
est trop lacunaire, en particulier sur la question de la pollution intérieure,
les ondes électromagnétiques et les produits d'entretien. De nombreux sondés
estiment nécessaire la mise en place d’ateliers de formation aux comportements
écocitoyens. Les journalistes doivent aussi parfaire leur culture sur le sujet.
N’oublions pas que la pollution tue 500 000 personnes par an en Europe.
Elle ne fait pas toujours la Une.