Derrière ce titre énigmatique, un événement qui aura lieu dans 2 semaines, les 2 et 3 février à la Cité internationale des Arts à Paris.
A la manœuvre, la fondation Daniel et Nina Carasso et la Chaire Arts&Sciences fraîchement créée en 2017.
Il s’agit d’une expérience inédite à laquelle vont participer des centaines
d’artistes, de chercheurs et de chercheuses et de groupes de travail d’horizons
différents.
Objectif : les rassembler autour de questions urgentes de notre monde
contemporain. Le concept m’a donné envie d’en faire la publicité 😊
Cette expérience parle à la Fondation Daniel et Nina Carasso dont la vocation est de financer et
d’accompagner des projets dans 2 grands axes: l’alimentation pour entretenir la
vie et l’art pour enrichir l’esprit.
Tout est parti d’un appel à projets autour de cette
problématique: composer les savoirs pour mieux comprendre les enjeux
contemporains.
La Fondation a au final soutenu 45 projets et pris conscience de l’émergence d'une
communauté qui réunit artistes, scientifiques et monde associatif autour des thématiques
de la santé, de l’éducation ou encore de l’environnement. En filigrane, la
lutte contre le dérèglement climatique.
Parmi ces projets, le « Télescope intérieur ». En février dernier
Thomas Pesquet a
réalisé à bord de la Station spatiale internationale, à l'initiative de
l'Observatoire de l'Espace du CNES, l’œuvre d'Eduardo Kac.
Un téléscope en papier flottant autour du spationaute.
C’est la première création artistique dans l’espace. Dans un tout autre domaine, Catherine Rannou
travaille en Bretagne sur le recyclage des équipements de l’agriculture
industrielle.
Cet événement est donc tout à fait emblématique de la mutation de notre
société. Comme le dit Jean Marc Chomaz, artiste physicien, responsable de
la chaire Arts et Sciences « il faut inventer collectivement un futur. Les
sciences ne sont qu'une contribution. »
Les projets développés sont parlants. Comme cette machine qui crée un nuage
et qui est capable de lire un texte lettre par lettre. Une classe de CM1 de
Palaiseau va composer des poèmes autour des nuages et la machine les lira à son
rythme « en slow mode ». Pour aller à contrepied de l’immédiateté de
notre société
Pour Samuel Bianchini de l’EnsadLab au sein de l’école nationale supérieure
des arts décoratifs et également responsable de la Chaire, « les
disciplines se sont spécialisées, or ce contexte impose la pluridisciplinarité.
Les arts sont préoccupés par la relation au public ce qui n’est pas
toujours le cas de la science qui s’adresse d’abord à ses pairs et pourtant la
recherche n’est pas isolée de la société ».
Mélanie Bouteloup la commissaire de « Nous ne sommes pas le nombre que
nous croyons être » a fait le choix de s'inspirer de l’œuvre d’Ursula leGuin, auteure de science-fiction qui n’a pas choisi les OVNI mais de prendre de
la distance par rapport à notre monde.
« Les quatre vents du désir », recueil de nouvelles est le point
de départ de l’évènement. Il est donc construit autour des titres de chaque
nouvelle, Labyrinthes , le Journal de la Rose ou encore l’Ecole pour
devenir invisible. Parmi les thèmes des ateliers, militantisme et écologie, d’actualité
avec l’abandon du projet de Notre-Dame des Landes, comment gérer une grande masse d’informations, pouvoir et contre-pouvoir ou
encore les musées et les institutions.
En tant que journaliste, une série d’événements a retenu mon attention, Nassira
el Moaddem, directrice du Bondy Blog a décidé sortir de sa « zone de
confort et d’aller à la rencontre du public » avec un atelier pour
expliquer comment créer un site d’infos.
Elle propose aussi une conversation avec des artistes engagés dans les
quartiers populaires : comment rendre visibles celles et ceux qui ne le
sont pas. Enfin le clou de l’évènement la Discontrol Party toute la nuit.
Piste de danse et salle de spectacle deviennent un night-club aménagé en
salles de contrôle. Le public est confronté à un système informatique qui l’observe
et tente de l’analyser.
Pourquoi ne pas le déjouer et tenter de le faire bugger ? « Si on
s’embrasse tous devant une caméra de surveillance, la donne change »
explique avec le sourire Samuel Bianchini.
L'art nous invite à dépasser nos limites et c’est bien le défi que nous
aurons à relever dans les prochaines décennies.
Pour certains, un évènement de ce type reste très conceptuel , « Nous
ne sommes pas le nombre que nous croyons être « a le mérite de nous faire
prendre conscience que notre monde change.
Comme le dit Mélanie Bouteloup, comment inventer toutes sortes de formes
qui convoquent et représentent, qui activent et mobilisent en impliquant des
constellations d’acteurs afin d’imaginer un futur désirable un projet de
société vers lequel puisse converger notre volonté collective ? » La
réponse est vaste et le programme très dense donc je suis certaine que vous
trouverez votre bonheur à la Cité internationale des Arts les 2 et 3 février
prochain.