Là encore il est question de solutions. Le mot de 2015! Il y en avait partout des solutions. Nous attendions tous une réussite de la Cop21 mais surtout entreprises et société civile avaient envie de dire qu'il y a moyen de s'en sortir. Par l'innovation ou par le simple bon sens. Pour revenir à nos moutons, hier soir rue Michel-Ange nous nous posions cette question "Quelles solutions face au changement climatique?" La réponse est apportée dans un livre publié chez CNRS Editions. 60 contributeurs pour 40 articles. Sous la direction de Bettina Laville, Stéphanie Thiébault et Agathe Euzen. Pour être très franche, je n'ai pas encore eu cet ouvrage entre les mains. Mais j'ai écouté attentivement les échanges et les interrogations des contributeurs. D'emblée il faut le reconnaître, l'euphorie Cop21 retombe un peu. Gilles Berhault président du Comité 21 le résume très bien: "Nous avons un traité, il a évidemment beaucoup de défauts, maintenant il faut aller vite. " De ce 12 décembre 2015 nous pourrions donc dire que les scientifiques ont été entendus par la classe politique. C'est déjà ça. Sauf que le temps file et que la population augmente. Certains estiment que si nous maintenons un rythme semblable à celui des années 2005-2010 nous serons 27 milliards en 2100...Comme nous ne sommes pas prêts de partir sur Mars, une seule solution: changer de modèle. Et c'est bien là que le bât blesse. Bettina Laville conseiller d'Etat et fondatrice du Comité 21 n'y va pas par quatre chemins: "Je ne trouve pas que l'accord de Paris ait mis en avant le moindre prémice de modèle économique". Ainsi les pays en voie de développement pourront avoir le rythme de croissance qu'ils souhaitent à la condition de changer de modèle énergétique et d'avoir une croissance "verte et inclusive". Le système ne change pas pour autant. Et rien sur une société post-énergies fossiles.
Au
coeur des débats, la croissance. Dominique Méda, philosophe, sociologue,
professeur à Paris-Dauphine parle d'une contradiction: "la Cop21 est une
validation que notre mode de développement est insoutenable, le progrès de la
société se mesurerait à son taux de croissance et on nous dit maintenant que ce
n'est pas le cas. Il nous faudrait toujours plus de croissance selon les
politiques et de l'autre côté ce développement n'est pas si souhaitable. Que
va-t-on faire de notre "vieille croissance"?" Le PIB est
toujours la référence par excellence mais il ne mesure pas toutes les
activités, il ne tient pas compte des inégalités en terme de production.
"Finalement nous pouvons avoir un gros PIB et une planète dévastée. "
Tout est dit. Ce délicat équilibre entre croissance et décroissance. Je me souviens
de cette phrase de Pierre Rabhi lue quelques heures avant dans le livre Demain:
"l'idée de croissance sans fin met en route une humanité insatiable qui au
lieu de percevoir la planète comme un véritable miracle, une merveilleuse oasis
perdue au milieu d'un grand désert sidéral, dans lequel il fait si bon vivre,
la voit comme un gisement de ressources qu'il faut épuiser jusqu'au dernier
poisson et au dernier arbre." J'ai
soudain un instant de flottement. Certains veulent y croire toujours comme cet
anthropologue Gilles Boëtsch qui est engagé dans le projet de la GrandeMuraille Verte destinée à relier St Louis du Sénégal à Addis Abeba. Un objectif: freiner
la désertification. 11 pays du Sahel sont engagés. 8 sont en guerre. Vous me
suivez. Et pourtant un espoir au Sénégal avec la mise en place de jardins
polyvalents. 300 femmes plantent des fruits et légumes arrosés par un système
de goutte à goutte. Ils sont vendus sur les marchés. Pour aider ces femmes et
ces hommes à laisser un peu l'élevage intensif de chèvres qui détruisent tout
sur leur passage. En même temps, les perturbations climatiques dans le Sahel
les avaient contraint à modifier leurs habitudes.
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