Je n’en veux pas au Shift Project think-tank spécialiste de la transition énergétique et à son équipe fort sympathique qui, non contente de nous briefer avant la Cop 21 a pris la peine de faire le même exercice après…Logique mais tout de même merci ! Eh bien ce n’est pas la joie…vous le savez sûrement déjà si vous êtes aguerris sur le sujet. François et Laurent avaient la banane mi-décembre mais maintenant tout reste à faire. J'étais dépitée mais je vous rassure dès le lendemain soit aujourd’hui j’ai retrouvé une lueur d’espoir. Je vous en dirai davantage quelques lignes plus loin. Suspens….
Revenons à la Cop 21. Le texte parle de lui-même : les grands de ce monde définissent un engagement : ne pas dépasser les 2° de hausse des températures d’ici la fin du siècle. On a même avancé ce chiffre : 1,5 degrés. Autant parler de vœux pieux. Les spécialistes sont assez formels. 1,5 degrés cache un bel exercice de diplomatie vis-à-vis des petits états insulaires en développement. Avec une hausse de ce type, l’impact peut vite être conséquent notamment sur le corail. Difficile aussi d’y voir clair en termes d’objectifs : rien de daté et rien de chiffré. Ca fait avancer. Les experts du GIEC estiment qu’il faudrait arriver à zéro émission en 2070. Le texte parle de la seconde moitié du 21ème siècle. Le 30 décembre 2099 sera-t-on dans les clous ? Pour ma part je ne verrai pas grand-chose sauf si mon esprit a été récupéré et collé sur un corps tout beau tout neuf. Ah le transhumanisme ! Bref je m’égare !
Alors évidemment comme l’homme n’est sûr de rien même
pas du temps qu’il fera demain, on nous dit que les émissions anthropiques seront
compensées par les puits anthropiques. En résumé tu fais des dégâts, tu
compenses ailleurs. En plantant des arbres notamment. C’est assez cool. Tout
cela reste tout de même bien flou. Côté financement rien n’est vraiment plus
clair. L’accord promet 100 milliards par an pour les PED, traduire pays en
développement. Il s’agit d’atteindre ce nombre d’ici 2020 puis de le dépasser
après 2020. Impossible de savoir s’il s’agira de pur financement ou d’investissements.
Bref je n’ajouterai rien. Enfin les signataires nous ont inventé un concept
hors pair : la transparence « non-intrusive ». A partir de 2023
un bilan mondial devra être fait tous les 5 ans. Mais si chacun reste
transparent... chez soi. Donc en résumé enfin 195 pays ont signé un accord-c'est super émouvant- mais
tout reste à faire. Le lancement de la signature officielle a été fixé au 22 avril prochain.
Pour changer la donne et en tous cas accélérer le mouvement, l’instauration d’un prix carbone
serait la bonne solution aux yeux du Shift Project. Matthieu Auzanneau chargé
des relations publiques avance même un chiffre : 30 euros la tonne. Visiblement
Ségolène Royal n’a pas été insensible. A New-York fin janvier la ministre de l’écologie
annonce «Nous
avons besoin d'un prix du carbone pour donner aux entreprises la capacité de
gérer le coût à long terme du changement climatique et leur donner une
incitation à investir». Elle s'est même exprimée en faveur de "l'idée d'une fenêtre de prix entre un prix plancher et un prix plafond". De quoi donner le sourire aux plus grands énergéticiens
bien mal en point en ce moment. Avec un marché élevé du carbone, le gaz
retrouverait un peu de sa vigueur. Oui mais voilà l’Allemagne qui recourt massivement au charbon en abandonnant le nucléaire n’est pas enthousiaste. Le marché européen pourrait jouer à nouveau son rôle mais le
contexte général ne s’y prête guère : on peut se dire que la chute des cours du baril offrirait une opportunité historique si elle
n'était pas le reflet d'un ralentissement mondial de la croissance. Et en ce
moment la préoccupation première de l’Union Européenne ce sont les migrants. Il
faut rester confiant mais il y a sérieusement de quoi s’interroger.
Heureusement quand je regarde de près la société
civile je retrouve le sourire. Dans Wikipédia il est écrit que c'est le corps social par opposition à la classe politique. On ne peut plus clair Elle s’est montrée en première ligne à la Cop 21.
Il suffit de citer la Carbon pricing leadership coalition portée par la Banque
Mondiale qui rassemble Etats et société civile ou encore International Solar Alliance.
Des citoyens s’emparent du sujet. Aux Pays Bas, l’association "Urgenda " a réussi
à faire condamner l’Etat. La justice néerlandaise a exigé que le pays
réduise ses émissions de gaz à effet de serre de 25 % d’ici à 2020 par
rapport à 1990. Il n’avait atteint que 17%. Les Français ne sont pas en reste. L'association
"Notre affaire à tous" a engagé en décembre une action contre l'Etat
pour carence dans la lutte contre le changement climatique et défaut de
protection de la population. Sourire.
Et ce matin je découvre l’initiative de la NEF. Je retrouve aussitôt la pêche. cette coopérative financière
qui offre des solutions d’épargne et de crédit orientés vers des projets qui
ont une utilité sociale, écologique et-ou culturelle est l’’unique
établissement bancaire français qui rend compte de l’ensemble des financements
à ses sociétaires et épargnants. Suivez mon regard ! La NEF vient donc de
signer un accord de garantie pour les entrepreneurs sociaux avec le FEI (le
Fonds européen d’investissements). La NEF peut ainsi apporter 33 millions d’euros
supplémentaires à plus de 300 micro-entrepreneurs et entrepreneurs sociaux qui
ne trouvent parfois pas de financement auprès des établissements classiques.
Ils pourront contracter des prêts à taux d’intérêt réduits sans apporter de
sûreté au titre de ce programme soutenu par l’Union Européenne. La NEF va aussi
s’engager fortement cette année en faveur du financement participatif. Et en
prime l’établissement se porte plutôt bien. Et je souris encore à cette phrase de
Jean-Marc de Boni le président du directoire de la NEF en pleine conférence de
presse : « si l’argent gouverne le monde alors qui gouverne l’argent ?"
A vous de choisir !
Excellent article, plein de vie et riche en initiatives ! Hâte de découvrir les autres :)
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