« Un maire végétarien et qui ne boit pas de vin, ça ne se voit pas
souvent. » Jean Claude Mensch le maire d’Ungersheim (je serai bien en peine de prononcer ce nom correctement) nous offre l’un
des sourires de « Qu’est-ce qu’on attend ? ». A 70 ans il en
parait 10 de moins. D’être proche de la nature et engagé doit sacrément
l’aider. Il est donc la figure de proue de ce documentaire consacré à un
village irréductible d’Alsace. 2200 habitants. Certains se sont dit un jour que
la transition écologique, ce n’était pas que des grandes phrases. Il suffisait
de se lancer pour que cela devienne une réalité. Après le succès de Demain, un
élan est né. L’optimisme prend le dessus. La réalisatrice Marie-Monique Robin bien connue pour
ses documentaires engagés (elle travaille actuellement sur « Un monde sans
Monsanto") a fait le choix d’une autre forme d’expression. Sa formule est
jolie : « J’aime bien soutenir les lanceurs d’alerte, j’ai aussi envie
de soutenir les lanceurs d’avenir. » Alors plutôt qu’un nouveau
documentaire télé ,elle a fait le choix du cinéma pour « parler à un public
plus mobilisé et mobilisable ». Elle a dû prendre un peu son bâton de
pèlerin car elle n’a été aidée ni par le CNC ni par les régions. Les distributeurs
ne se sont pas bousculés.
Qu’à cela ne tienne! Le bouche-à-oreille va très bien fonctionner. Car ce
documentaire donne la pêche! Jean-Claude Mensch aime à citer
Gandhi : « l’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre, c’est
le seul ». Et des preuves il en a : en 10 ans, la commune a économisé
120 000 euros en frais de fonctionnement et réduit de 600 tonnes par an ses
émissions de CO2. Depuis 2006, elle n’utilise plus aucun pesticide.
Elle a déployé la plus grande centrale photovoltaïque d’Alsace avec ses 5,3
MgW. 10 000 habitants peuvent ainsi être alimentés. Au-delà de ce petit village. L’éclairage
public a été intégralement changé pour des Led. Conséquence : une baisse
de 40% de la consommation d’énergie. Mais l’essentiel n’est pas là. Car dans
« Qu’est-ce qu’on attend ? » c’est l’humain qui prime. L’écologie
se résume simplement avec ces mots : mieux vivre ensemble.
Les portraits se succèdent, sur fond marron puis dans leur quotidien :
il y a Christophe Moyses, paysan boulanger qui a abandonné l’agriculture
conventionnelle pour cultiver avec sa femme Lili des variétés anciennes de blé.
Jean Baptiste Cuisinier, vétérinaire a changé de métier car il ne supportait
plus de « vacciner des vaches ou de les bourrer d’anti bio ». Il
dirige désormais la régie agricole. D’autres habitants encore se sont engagés
dans une démarche collective autour d’une maison passive. Ceux qui élaborent la
maison constate très vite que la paille a les mêmes particularités pour isoler le
bâtiment que du polyuréthane. Ne serait-il pas temps de jeter les produits
chimiques aux orties ?
Et que dire de ce hongre de trait comtois Richelieu, un
cheval à tout faire visiblement ravi . Il emmène les enfants à l’école (4600
kms de voiture épargnés), aide aux travaux agricoles, à l’arrosage des pelouses
ou encore la collecte des déchets…
Cela peut paraître idyllique mais Jean Claude Mensch avoue qu’au final
c’est une cinquantaine de personnes qui le suit vraiment dans sa démarche.
« Il y a des moments où j’ai des doutes ». Mais il continue d’avancer
avec la conviction d’avoir raison. Et de reprendre cette devise : ‘c’est en marchant que l’on ouvre le chemin,
il faut donc continuer à marcher. »
Bref je suis encore sortie de la projection avec une patate d’enfer. Un film
à voir d’urgence par tous les candidats aux primaires et les autres. Parce que s’il y en a bien
certains encore à convertir, ce sont nos politiques. N’oubliez pas Messieurs
que vous vous adressez à des humains. Il suffit peut-être de leur dire que cette
commune n’augmente plus ses impôts locaux…Et qu'une centaine d’emplois a été créée.
A bon entendeur !
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