Ne vous en déplaise, j’ai encore envie d’écrire avec mon cœur. Ces temps où
la mesquinerie semble l’emporter se prêtent largement aux contre-courants. Je ne cesse de le dire
mais cela fait un bien fou d'aller voir ce qui se passe ailleurs.
Je l’ai fait modestement en me rendant à Grenoble. Je sais, ce n'est pas très
loin mais cette ville a le mérite de s'appuyer sur d'autres expériences pour
construire la ville de demain. C'était tout l’enjeu de la Biennale des Villes en Transition.
Pour moi , il y a eu ce moment fort , le débat sur les nouveaux
chemins du bien-vivre que j’ai animé. Freddy Ehlers secrétaire d’état au
bien-vivre d’Equateur ( quelle fonction !) n’avait pu faire le déplacement pour
cause d’élection présidentielle (décidément!) mais son optimisme nous a portés.
Et Nicolas Hulot a trouvé les mots justes pour nous rappeler que finalement la
vraie richesse, c’est la nature et ce qui nous entoure. "Préférer
la sobriété au trop-plein, la dignité à l'humiliation, le juste-échange au
libre-échange". Certains vont penser que c’est très naïf. Le bon sens fait au contraire du
bien en ces temps de campagne électorale très médiocre.
Grenoble vient donc de connaître 4 jours de débats très riches. J'ai
beaucoup apprécié d’entendre associations, citoyens et entreprises parler de
l'habitat durable, des économies d’énergie, des jardins partagés. Cet événement a été emblématique de l'ouverture aux autres.
Des délégations d’une vingtaine de villes à travers le monde avaient fait
le déplacement. Elles nous ont apporté beaucoup. Je ne les ai évidemment pas
toutes entendues mais j'ai envie de mettre en avant 2 témoignages forts: le
premier sur le droit des femmes et le second sur l'accueil des migrants.Les deux représentantes d'une association du Burkina Faso m'ont d’abord donné une grande claque.
Le 8 mars dernier c’était la journée des droits de la femme, la énième pour certains. Elle donne lieu encore et malheureusement à quelques rires sardoniques voire à des remarques sexistes.
Et que
dire de l’accueil des migrants? Le maire d’Essen Thomas Kufen a apporté
également un témoignage fort. En 2015, ce sont plus de 2200 migrants qui ont été
accueillis dans cette ville d'Allemagne. On sent bien que la démarche n’a pas été si
facile. Tout a commencé dans l’urgence avec des tentes et puis les autorités
ont trouvé des logements. Priorité a été donnée à l’apprentissage de l’allemand.
Le maire estime que l’histoire de la ville peut expliquer son engagement .
« Pendant l’industrialisation, nous avons fait venir beaucoup de monde. » C’est aussi du donnant-donnant « Les
réfugiés doivent reconnaître la communauté urbaine comme leur communauté ».
Et d’ajouter « la population d’Essen a un grand cœur mais elle veut que
les étrangers respectent la culture. »
Thomas Kufen ose là où d’autres renoncent. Etre "une
capitale verte européenne" lui donnerait-elle un autre élan ? 70 millions d’euros
ont tout de même été investis pour l’accueil des réfugiés. Pour le maire, "l’intégration
coûte cher mais la non-intégration coûte encore plus cher". Il s’appuie beaucoup
aussi sur les associations pour faire bouger les lignes. C’est d’ailleurs la notion de démocratie participative qui a été valorisée durant ces journées à
Grenoble. Le politique guide mais ne peut agir seul. Je ne rentrerai pas dans
tous les détails. Je veux juste retenir la belle impression que m’a donné cette
intervention. Contrairement à d’autres, Thomas Kufen accepte ce monde en mutation : « Nos villes sont en train
de changer et le changement est le sel de la vie ». Encore une belle leçon
face à la tentation du repli sur soi.
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