Ce jeudi 23 janvier, j’ai trouvé le temps de passer
quelques heures au Parlement des Entrepreneurs d'Avenir. Et pourtant je n’animais
pas. Mais il faut savoir être altruiste et ouvert d’esprit dans ce domaine du
développement durable 😉. Le thème de l’événement
pour ses 10 ans: Humanisons le progrès ! Un vrai sujet de philo. Les 2 ne
seraient-ils pas antinomiques ? Vous avez 4 heures pour répondre.
Plus les technologies se développent, plus certains
disent voir disparaître le « pouvoir » de l'homme. Et si les robots
nous supplantaient ? Et que dire d'un monde plus durable avec toujours plus d’exploitation
des métaux rares et de gestion désordonnée des ressources ? Enfin je ne vais
pas m'appesantir sur le sujet car nous y serions encore demain matin. Je vais
vous parler d’argent.
Précisément comment l’argent sauvera la planète !
Oui vous avez bien lu ...Un constat, une affirmation.
Si je puis me permettre, j’aurais plutôt dit comment l’argent sauvera l’humanité.
C’est plus fort et plus réel. Sans nous et sans aucun billet de banque, les grands
animaux sauvages se portent méga bien.
Bref pas de point d’interrogation dans le titre de ce
débat animé par un camarade Jean-Louis Caffier et pourtant je repars avec
quelques questions
Ce n’est nullement la faute des intervenants tous très
engagés et intéressants mais sommes-nous vraiment sur une voie de changement de
modèle ? Pour mettre dans ma poche un ou deux cégétistes 😉, serait-ce la fin du
capitalisme ? Rien n’est moins sûr.
Stéphane Voisin analyste financier et enseignant à l'Université Paris Dauphine renchérit :
« Il y a une prise de conscience sur l’appréhension des risques.
Quand on voit que Daimler annonce des profits warning
et que dans le même temps Tesla devient le premier constructeur mondial, on
sent un infléchissement de tendance.
Mais en même temps les émissions de CO2 ne cessent d’augmenter
Plus de 80% du mix énergétique dans le monde est
toujours d’origine fossile.
L’urgence est donc de contribuer au financement de la
transition. Et ce ne sont pas les Etats qui vont le faire. On appelle la finance
à régler une partie du problème. »
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhl4yQy1eZGd7ZHbBbFW9bRZzyxSq15g8TEUOtyBv2FnYExVjyJs4aPKf2VL5ZGFCvqAiBaqbIZp2ahF7oKVal9Mp-k5loEVISLMa9s2u-1-ZHJlS9eo5F2xB0htojzQsXwwEjCE-H7Zc9X/s320/Parlement2.jpg)
Il faut que tous les investisseurs prennent conscience
de cet impact. »
Thomas Lagoarde-Segot Professeur Associé d'Economie et Finance Internationale à
KEDGE Business School revient à une réalité : « Les
économistes préfèrent parler de monnaie plutôt que d’argent.
Or tous nos outils de pilotage monétaire sont
inopérants.
La Banque Mondiale a calculé le coût monétaire des
désastres naturels.
Elle estime la perte en termes de consommation à 520
milliards d'euros. Mais l’indicateur monétaire est-il un bon indicateur ?
Il laisse entendre que les coûts seraient temporaires
et réversibles et qu’il serait possible de les compenser.
A bien y réfléchir, on peut valoriser monétairement
une forêt pour la raser et construire en lieu et place.
Il ne faut pas croire non plus que les bénéfices des
entreprises soient un signe positif.
Pour Julie Walbaum directrice générale de Maisons du Monde, « à long terme tout le monde est d’accord pour dire qu’une
entreprise sera rentable si elle est en phase avec sa raison d’être.
Mais à court terme ce n’est pas le même son de cloche ».
Gonzague de Blignières a la formule qui fait mouche: le capitalisme est un mammouth obsédé par le profit et le court-termisme.
Et donc ne vous en déplaise c’est le business as usual.
Anne Catherine Husson-Traoré met les pieds dans le plat : "l’exclusion du
charbon des portefeuilles est devenu une quasi norme mais les émissions liées
au charbon n’ont pas changé pour autant.
Le monde financier est décorrélé de la réalité.
Pouvez-vous m’expliquer pourquoi quand on voit le mur on appuie sur l’accélérateur ? »
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4Z5zjAJVjNZS6b5Gs5xIqh2-ZRo581WMDrc-05FbOVy5eSyFvpKNdNQcP6lCiuXLO7NMr18O2apncJRKXO86vOOXG1hSTg8qGLIoS_BJEXgQAufe1JmTs0tgHs8ON1kG12R-Br4eAryqa/s320/Parlement4.png)
Tous les intervenants s’accordent à dire que la jeune
génération va changer la donne car elle aspire à donner du sens. Certes mais vont-ils tous changer? Dans ces conditions pourquoi ne
pas générer du profit mais en le distribuant équitablement? Par exemple Nature et Découvertes consacre 10% de ses bénéfices nets à une fondation qu’elle a dédié à l’environnement.
Ce sont 13 millions d’euros qui ont été donnés en 25 ans
Il est plus que temps d’agir. C’est pourquoi le
Parlement des entrepreneurs d’avenir lance à l'occasion de ses 10 ans un appel pour une finance de progrès
social et environnemental
Il engage la finance à faire partie de la solution.
Stéphane Voisin rappelle que nous avons besoin de 100
milliards par an pour financer la transition et pourtant l’argent n’est pas là.
Une solution : une refonte du logiciel qui fait tourner la finance
Pour Thomas Lagoarde-Segot il faut inventer un nouveau langage commun
pour dépasser les indices actuels.
Les ODD, Objectifs Développement Durable fixés par l’ONU
sont l’un de ces outils. Car l’économie a toujours été séparée du social et de
la nature.
Comme je vous le disais, je me retrouve au bout d’une
heure avec plus de questions que de réponses. Une certitude quand même :
si d’ici 5 à 10 ans rien ne change nous irons dans le mur. Pas certaine donc
que l’homme soit sauvé par l’argent. Un de mes fils m’a d’ailleurs demandé un
jour : « Pourquoi a-t-on inventé l’argent, c’était cool le troc ? »
Allez-y, trouvez la réponse. Vous avez 4 heures…au moins.
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