Stagnation des activités nucléaires, manque de compétitivité et difficile gestion des risques inhérents aux grands projets. "La situation est grave", n'hésite pas à reconnaître la direction. Fut un temps où nous vantions les qualités du Made in France nucléaire. Areva lorgne la Chine car c'est là que 50% des nouvelles capacités nucléaires mondiales devraient être construites d'ici 2023. Le pays veut limiter sa pollution. En termes d'émissions de CO2, le nucléaire est -assez-imbattable.
Jean-Bernard Lévy, le nouveau président d'EDF, et Philippe Varin, qui vient de prendre ses fonctions à la tête du conseil d'administration d'Areva sont d'ailleurs allés faire les yeux doux aux dirigeants chinois lors du déplacement de Manuels Valls en janvier dernier. La France construit deux réacteurs EPR sur le site de Taishan. Le hic, c'est que les Chinois savent sacrément bien innover.Un jour peut-être- voire- sûrement ils n'auront pas besoin de nous. La Chine exporte aussi son nucléaire. D'ici à ce que l'on fasse du dumping comme sur les panneaux solaires. Bon d'accord je plaisante un peu...Areva en a d'ailleurs profité pour annoncer un recentrage stratégique écartant notamment ses activités dans le solaire...Vous me suivez ?
Tout cela pour dire que le monde bouge. La demande énergétique mondiale devrait augmenter de près de 40% d'ici 2030. La Chine bascule dans les énergies renouvelables aussi.
L'énergie nucléaire reste une composante importante dans un univers énergétique de plus en plus décarboné. Mais tout doit- il tourner autour de l'électrique ? La France n'est pas le reste du monde. Nous en avons encore la preuve aujourd'hui. Et là encore être une exception ne facilite pas la vie. Les détracteurs des énergies renouvelables stigmatise l'Allemagne: les émissions de CO2 augmentent et puis l'énergie est chère. Certes le pays paie un choix radical mais jusqu'à quand ? J'ai envie de reprendre Stephen Boucher (Directeur de programme, European Climate Foundation) et
Dimitri Pescia (Agora Energiewende). Un article publié dans Le Monde en octobre dernier.
Ils nous disent; "Les ménages allemands paient certes
aujourd’hui leur électricité à un prix élevé, mais celui-ci reflète en
grande partie des coûts passés nécessaires au développement des technologies photovoltaïque et éolienne.
La transition allemande se fonde sur un
pari technologique audacieux, équivalent à celui du nucléaire français
dans les années 1950 : miser sur un développement massif des énergies photovoltaïque et éolienne et renforcer l’efficacité énergétique. Ce pari technologique allemand est sur le
point d’être gagné, puisque ces technologies sont aujourd’hui presque
aussi compétitives que les technologies fossiles pour les nouveaux
investissements. Il implique néanmoins un changement de paradigme total vers un système énergétique plus flexible...La France a
un potentiel d’efficacité énergétique et de production d’énergies
renouvelables bien plus important que l’Allemagne". Rappelons qu'en mai dernier la Cour des Comptes s'inquiétait de la hausse du coût d'exploitation des centrales nucléaires.
Si les centrales n'étaient pas autorisées à
fonctionner au-delà de 40 ans, il faudrait construire onze EPR d'ici
2022 pour maintenir la part actuelle du nucléaire. Nous n'allons pas nous éclairer à la bougie mais à l'heure où 8 millions de Français souffrent de précarité énergétique, il est temps de penser à nos modèles. Le projet de loi sur la transition énergétique que les élus peinent à voter ne sera peut-être non plus pas la solution. J'avoue parfois que tout cela me dépasse. Euh, c'est bien à Paris, la future conférence sur le climat ?
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