Cela fait quelques années que je suis le lancement de
la semaine de l'ISR. Elle débutera ce lundi pour s'achever le 11 octobre.
Depuis quelques années un peu le même discours: les encours en matière d'investissement socialement responsable progressent mais
ils représentent encore une goutte d'eau dans l'univers financier. Une nouvelle
étude conduite cette année encore par Ipsos pour le compte d'EIRIS, l'un des leaders mondiaux de l'analyse environnementale, sociale et de gouvernance et du FIR, le Forum pour l'Investissement Responsable n'est guère engageante: ils sont 63% des Français à n'avoir jamais entendu parler de l'ISR et seulement 3% à s'en être vu proposé. Et pourtant la moitié des personnes interrogées se
sentent concernées par les enjeux climatiques. Alors comme je veux être
optimiste je me dis : « soudain cette année un miracle! » Il est clair qu’un virage s’opère. Nous ne
dirons pas qu'il s'agit seulement de l'effet Cop21. La France a créé une
première du genre dans la loi de transition énergétique pour la croissance
verte. L'article 173 dont le chiffre a été prononcé au moins 6 fois lundi lors de la soirée de lancement de cette
semaine de l’ISR. Il faut dire qu'il élargit l'obligation de reporting extra-financier. Comme nous sommes en France la liberté
prédomine donc pas de contrainte mais une incitation. Certains s'en plaindront,
ce n'est pas le cas. N'ergotons pas.
La donne change. Michel Sapin ministre de l’économie
et des finances était tout de même l’invité d'honneur de la soirée. Et il a
annoncé le lancement officiel d'un label ISR. Cela a fait son effet. Les professionnels
l'attendaient. Si j'ai bien compris ce sera en 2016 que tout se mettra en place
en France pour une phase un peu plus officielle en 2017. On aurait aimé en
savoir plus mais là encore nous avançons. Pour Michel Sapin il « s'agit de
favoriser la lisibilité et d’apporter un gage de crédibilité ». Souplesse
est le maître mot : "le cahier des charges sera amélioré au fil du temps."
Ne lui en demandez pas plus en revanche, il doit encore travailler un peu le
dossier… Si les politiques s’emparent justement du sujet , c’est bien la
preuve que le monde bouge. L’ancien ministre Pascal Canfin qui travaille
désormais auprès d’un think-tank américain sur les questions d’environnement
estime que « des leaders de la communauté financière ont également franchi
le pas. Ils ont des choses à dire » C'est le cas du gouverneur de la
Banque d'Angleterre Mark J.Carney. Ne disait-il pas il y a quelques années
aux entreprises riches « rendez l’argent aux actionnaires » ? Pour
Pascal Canfin l’appréhension des risques est différente . Henry Paulson
ancien secrétaire du trésor américain considère ainsi que le risky business a
changé de cap : avoir un portefeuille avec 20 à 25% de modèles économiques
qui génèrent 6 degrés de hausse des températures c'est plus que risqué.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5nK4KctBWeO5OUeKWkMjAXHPh-SUpqypeHFrguRYRNZaHgn4cl9Ouz9cG6LienqbUQo14Em5CbqOYo9xl1ua6kd-tFQ_p5iYF8gf7DtFPA5kWSiReRv7mpk82bJB5HIMvE7pKozbkKlPA/s320/isr1.jpg)
Pascal Canfin très pédagogue identifie 3 risques.
Celui qui semble le plus éloigné du risque carbone mais qui est bien
réel : le risque climat qui impacte le modèle économique. Et de citer
Coca-Cola, entreprise qui utilise beaucoup d’eau et dont le business se trouve
ébranlé par le stress hydrique grandissant. Il y a donc le risque carbone sur
lequel il est inutile de s’appesantir (ceux qui me suivent comprennent.). Enfin
le risque « transition » que vivent par exemple les producteurs de
charbon d'Australie. Les fondamentaux s'effondrent : la demande de charbon
a chuté de 30% en 6 mois en Chine. Le pic charbon qui devait être atteint en
2020 l'a été l'an dernier. Dans le même temps , depuis 2013 plus de 50% des
nouvelles capacités installées dans le monde sont des énergies renouvelables. La
Chine va d’ailleurs présider bientôt le G20 et mettre en avant cette question
financière. Le nouveau président du FIR
Thierry Philipponnat débute donc son mandat sous les meilleurs hospices.
La gestion ISR a atteint près de 223 milliards d’euros à la fin de l’année
dernière. Une croissance qui a doublé.
Et Thierry Philipponnat de s’enthousiasmer « La thématique de l ISR s’impose à
tous comme une évidence »
Tout n’est pas si rose, les acteurs de l’ISR
n’ont pas toujours été entre eux les meilleurs amis du monde. Beaucoup
comptaient sur un label pour y voir plus clair. Les Français sont toujours en demande d'information. Une brèche s’ouvre mais face au
financement participatif les spécialistes de l’ISR doivent jouer la
transparence. Responsable jusqu’au bout des ongles…Alors si vous ne l’avez pas
déjà fait venez découvrir cette semaine de l’ISR.
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