J’avoue ne pas être du genre à idolâtrer. Peut-être parce
que je perçois relativement bien la part de luminosité mais aussi le côté
obscur de la force que nous avons en chacun de nous. Je n’ai donc pas cédé à la
Macronmania. Pour être très franche, il m’a même fallu me donner quelques coups
de pied aux fesses. Une fois notre nouveau président élu, je me suis dit : « faisons-lui confiance ». Je sais que l’écologie
n’est pas dans ses gênes mais il écoute. Chapeau bas ! Il nomme l’homme qu’il
faut là où il faut : Nicolas Hulot. Je ne verserai pas dans l’idolâtrie
,comme je le disais, mais je reconnais avoir un grand respect pour Nicolas Hulot.
J’ai suivi ses prises de positions. Le pacte écologique en 2007 avait fait
bouger les lignes sous Nicolas Sarkozy. Je l’ai vu de plus près ses derniers
mois car j’ai eu la chance d’animer des débats où il était présent, à la
Biennale des Villes en transition à Grenoble puis au salon Produrable. J’ai
apprécié de l’entendre parler de ce qui me touche. Première rencontre : il entre dans la loge où je finis de peaufiner les
échanges, me salue et me dit : « Je vous laisse travailler et vous
concentrer, je sais ce que c’est. » Rien à ajouter.
L’homme doit avoir sa part d’ombre mais il a en tous cas une grande qualité, ne pas être mû par la
vanité. Son tweet sur sa nomination est à son image : «ceux qui me
connaissent savent qu’être ministre n’est pas pour moi un objectif en soi…L’urgence
de la situation m’impose de tout tenter pour faire émerger le nouveau modèle de
société que nous appelons collectivement de nos vœux. » La tâche n’est pas
aisée. Il le dit lui-même. Son ministère porte déjà un nom qui est tout un
symbole : « ministère de la transition écologique et solidaire ».
On y retrouve les deux aspects du développement durable. La planète évidemment
avec son urgence. Alors va-t-on sortir progressivement du nucléaire ?
Comment booster les énergies renouvelables ? Dynamiser l’économie
circulaire et remodeler toute notre agriculture ? Et plus près de nous quid de Notre-Dame des Landes? Il y a du pain sur la
planche.
Nicolas Hulot n’oublie pas l’homme. C’était tout l’objet de l’ appel des
solidarités dont je vous ai parlé en mars dernier. Il s’était fait
le porte-parole de 80 associations pour interpeller les candidats à la présidentielle. Faut-il
rappeler qu'en France 1 jeune sur 5 vit sous le seuil pauvreté,
qu’on dénombre 600 000 logements indignes et 12 millions de personnes touchées
par le handicap?
Et Nicolas
Hulot de dire à l’époque « la solidarité ne doit plus être une option
sous-traitée mais dans l’ADN de notre démocratie. » Nicolas Hulot n’a pas
caché avoir voté pour Emmanuel Macron non par adhésion mais par raison «J’ai lu la
feuille qu’a envoyée Emmanuel Macron à tous les potentiels électeurs avant le
vote de dimanche
[7 mai] : il y a une ligne
sur la transition écologique…On voit que ce n’est pas une priorité dans
son programme, que cela reste une variable »disait-il dans un entretien au
Monde. Il est certain que Nicolas Hulot ne veut pas être une variable. Il a posé ses conditions. Ses
sujets ont le mérite de transcender les clivages comme le souhaite le nouveau
président. Il va devoir bousculer le petit monde qui l’entoure. Et certainement
prendre son bâton de pèlerin avec ses camarades. Je le sais moi-même en
convaincue.
Cette nomination me donne des ailes. Je perçois plus que jamais que les
thématiques que j’affectionne sont celles qui vont façonner le monde et celui
de nos enfants. Et qu'elles doivent insuffler dans toute la stratégie d'un gouvernement. Cette phrase de Nicolas Hulot me revient en mémoire « il
ne faut pas être naïf, ni bêtement optimiste mais il est trop tard pour être
pessimiste. »
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