Pour vivre heureux, vivons cachés. Quand il s’agit de développement durable,
Danone préfère agir plutôt que de s’afficher ostensiblement.
Mais l’entreprise sait aussi à quel point il est important de montrer la
voie. Le groupe n’hésite pas à reconnaître qu’il n’est pas parfait. Il vaut
mieux être prudent mais qui est parfait? Il s’engage simplement à réfléchir un peu plus chaque jour à ce qu’il fait et surtout comment il doit faire. Work in progress.
Il faut dire qu'il a matière avec 4 domaines d’activités phares : les
produits laitiers, un secteur en décroissance sur lequel il faut convaincre et innover
en permanence.
Il y a les eaux minérales naturelles, Evian, Volvic, Badoit et La Salvetat
qui se portent plutôt bien avec l’arrivée des eaux minérales aromatisées.Ajoutons-y l’alimentation infantile avec Laboratoires Gallia et Blédina et une cible de jeunes parents de plus en plus tournés vers le bio. Enfin un secteur moins connu, la nutrition médicale qui s’adresse aux personnes âgées et aux enfants malades.
Danone doit donc se réinventer pour séduire les consommateurs mais aussi
suivre son ADN et ses engagements environnementaux. Le 25 octobre 1972, Antoine Riboud, PDG de BSN avant sa fusion avec
Gervais-Danone, prononçait à Marseille un discours sans précédent. Il proposait de
« réduire les inégalités excessives en matière de conditions de vie et de
travail »
et « de trouver les valeurs qui amélioreront la qualité de la vie en
disciplinant la croissance » Emmanuel Faber actuel PDG de
Danone reprenait en avril le flambeau. Il présentait son projet « Une personne, une voix, une action » Son ambition :
faire participer les 100 000 salariés du groupe agroalimentaire aux
choix stratégiques à l’horizon 2030.
« Nous allons plus loin avec une vision
de long terme à l’horizon 2030 autour d’objectifs stratégiques reliés à ceux du
développement durable de l'Organisation des Nations Unies, auxquels nous voulons associer tous les salariés de Danone dans le monde. »
En plein projet de loi PACTE « plan d’action pour la croissance et la
transformation des entreprises » cet engagement est fort mais ce n’est pas
le sujet dont je vais vous parler.
Il me faudrait d’ailleurs
plusieurs articles sur ce blog pour passer en revue tous les engagements de Danone.
En quelques lignes,
le groupe mise sur la transparence en expliquant
un peu mieux ce qu’il y a dans ses recettes, l’amélioration de l’emballage et
notamment le recyclage du plastique. Il souhaite également davantage de bio.
6 marques emblématiques de l’entreprise,
Blédina, Danone, Danonino, Evian, Volvic et Alpro lancent cette année des
gammes bio. Je peux citer« Les Récoltes Bio de Blédina », une
nouvelle gamme bio pour les bébés. Pour 2020, Danone s’engage à
proposer du bio sur 100 % de ses produits enfants. Il
souhaite prendre la place de leader de l’alimentation infantile bio.
Danone milite par ailleurs pour un nouveau
modèle agricole durable : l’agriculture régénératrice. Je voudrais m’y attarder
parce que je suis certaine que cet adjectif vous parle
mais que vous avez bien du mal à saisir tous les tenants et les aboutissements.
Je vous rassure, c’était aussi mon cas avant de creuser le sujet.
Préserver les sols, c’est tout l'enjeu de cette agriculture parce que malheureusement
cela ne coule pas de source.
Les pesticides sont l’un des aspects du problème. Il y en a un autre qui
peut davantage nous échapper : les agriculteurs labourent régulièrement et
ne font pas du bien au sol. Retourner la terre l’appauvrit.C'est ce qu'affirme Sarah Singla agricultrice en Aveyron et fondatrice de Hum’s. Une jeune femme pétillante qui a pris son bâton de pèlerin pour former ses confrères. Et en vidéo elle est très convaincante.
Pour elle, les agriculteurs doivent
développer le semis direct sous couvert végétal. Il
s'agit d'une technique agricole qui consiste à implanter une culture
directement dans un couvert végétal sans avoir préalablement travaillé le sol. Sarah Singla m'a d'ailleurs montré une photo de son champ au moment des semis. Un vrai bazar. Des végétaux partout. L'agriculteur doit donc oublier les outils métalliques pour
privilégier une autre méthode.
Sarah Singla n’a pas la langue dans sa poche, pour
elle, les récentes inondations sont certes liées à l’urbanisation mais le trop
grand travail de la terre n’a rien arrangé. A force d’être retourné, le sol n’absorbe
plus l’eau. Dans une interview, Sarah Singla reprenait une phrase de l’américain David Montgomery, « l’érosion des sols c’est l’érosion des civilisations ».
« A chaque fois qu’une civilisation oublie son sol, elle finit par disparaître. Le sol est le fondement de tout – sans sol, il n’y a pas d’agriculture et sans agriculture, il n’y a pas de civilisation. » Quand on sait que cette technique ancestrale remonte aux Egyptiens, on comprend mieux les enjeux.
Cette agriculture de conservation ou régénératrice
est donc majeure aux yeux de Danone qui ne doit pas oublier son business. Le groupe s’est fixé une grande ambition: en 2025, 100 % des produits cultivés en France devront être issus d’une
agriculture régénératrice. C’est un lourd défi car beaucoup d’agriculteurs
restent attachés à un modèle. Comme l’explique Sarah Singla, beaucoup
s’accrochent à leur tracteur, quitte à s’endetter pour un nouveau modèle à 400 000
euros.
Danone y croit et rédige son cahier des
charges en partenariat avec des ONG et experts référents en la matière. Ce sont 2300 agriculteurs qui travaillent pour la célèbre
enseigne.Pour Emmanuel Faber « la grande limite du système agro-industriel actuel, c’est d’avoir parié entièrement sur la plante en créant des semences de plus plus performantes et en leur ajoutant des intrants de synthèse de façon à booster leur performance. Dans ce système, le sol n’est qu’un support, aujourd’hui épuisé. ».
Le géant de
l’agroalimentaire va s’associer à la plateforme de financement participatif
Miimosa pour cofinancer les transitions agro-écologiques des agriculteurs qui
les fournissent. Danone
souhaite aussi mobiliser les consommateurs. C’est pourquoi le 21 septembre prochain,
100% des ventes seront totalement dédiées à financer cet accompagnement. Il appellera
ce jour le Green Friday. Une journée de chiffre d’affaires, c’est 5 millions d’euros.
Une première étape pour changer la donne. N’est-ce pas aussi cela être une
entreprise à mission ?
Crédits Photo: Danone et Youtube
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