Je l’avoue, j’ai volontairement adopté un ton grave
dans mon titre.
Je ne vous ferai pas une litanie sur les espèces en
voie de disparition et les émissions de CO2 qui battent des records. Chaque
jour j’ai l’envie de vous faire partager des récits de femmes et d’hommes qui
croient à un autre monde . Ils sont méritants. Mais parfois on se sent face à
un grand vide. Comment peut-on s’acharner à poursuivre sur une voie qui parait
de plus en plus perdue d’avance ?
Alors je me ressaisis et je vous parler à nouveau
d’espoir.
Connaissez-vous le "cradle to cradle" en français
« du berceau au berceau ». Le rêve de tout homme...rajeunir au fil du
temps et finir en couche-culottes…mais je m’égare. Nous ne parlerons pas d’immortalité
, un peu d’humain mais surtout des ressources .
Elles sont bien précieuses pour notre survie,
tellement précieuses qu’elles ne doivent pas finir en déchets .
La C2C Community, association
à but non lucratif qui promet le Cradle to Cradle en
France organisait une matinée la semaine dernière. Pour être très franche avec
vous, le concept m’est désormais très familier pour avoir notamment mis en
avant l'un des pionniers en la matière Tarkett et ses revêtements de sol. Mais à
écouter cette matinée, force est de constater qu’il reste un long chemin vers
l’économie circulaire. Née dans les années 90, ce concept du cradle to cradle est
une philosophie mas aussi une norme internationale d’économie circulaire.
C2C Community met en avant le chiffre de 500
entreprises impliquées dans le monde avec près de 8000 produits certifiés.
C’est une première étape. Il faut encore diffuser la bonne parole.
Et faire preuve d’humilité face à la nature. Celle-ci
recycle tout. La moindre petite bestiole ne laisse pas de déchets. Prenons-en
de la graine ! Le principe est donc simple : en fin de vie tout doit
retourner à la nature ou servir de matière première secondaire à de nouveaux produits.
L’énergie utilisée doit être renouvelable.
Le cradle to cradle s’appuie sur 4 piliers comme l’a
rappelé Benoît Renauld président de la C2C Community: efficacité et
compétitivité tout d’abord mais notre bonne vieille économie linéaire les
connait bien et même de plus en plus. Il faut donc y ajouter la préservation de
l’environnement et la santé. Finalement pour changer de modèle, il faut changer
sa façon de penser.
Anne de Béthencourt déléguée générale explique que "dans le développement durable nous avons la conscience de réduire nos
impacts mais face au défi que nous rencontrons, il faut penser à avoir un
impact nul voire positif." Des pionniers se sont donc lancés alors qu’une
réglementation ne l’exigeait pas.
Plusieurs entreprises sont d’ailleurs venues témoigner
pour illustrer ce qui peut se faire dans le domaine du bâtiment. C’est ainsi
que Mosa. fabricant de céramiques néerlandaise basé à Maastricht depuis 135 ans
a construit toute sa stratégie sur une économie circulaire. Guillaume Grand
responsable grands comptes a d’abord une parole de bon sens. « Pour ne pas
changer souvent de carrelage, il faut un design intemporel. C'est aussi simple. Tous les matériaux viennent d’un rayon de 300
kilomètres de l’entreprise.
Le site ne rejette aucune eau, tout est récupéré. »
Tous les carreaux ne sont pas nécessairement vendus mais en cas de défaut tout
est broyé et réinjecté dans la production. 25% des produits fabriqués avec des
carreaux sont aussi récupérés sur les chantiers pour rentrer à nouveau dans le
circuit.
Et qui dit entreprise engagée dit aussi salariés
heureux. La question de la santé est majeure. Et comme nous sommes en Hollande, chez Mosa, ce n’est pas du fromage que l’on vous offre mais un vélo si vous souhaitez
venir travailler en pédalant.
La santé des tous les salariés est également au cœur
de la démarche de Werner&Mertz. Crée en 1971, ce groupe est pionnier en matière de produits d'hygiène et de nettoyage de
haute performance et intégralement durables. Il s’adresse aux entreprises mais
les particuliers la connaissent aussi. Je pense que vous avez déjà vu dans les
magasins la grenouille de Rainett. Pour Joséphine Copigneaux responsable
marketing, la clé pour des produits « cradle to cradle » est de se poser les bonnes questions avant de mettre un produit sur le marché : savoir en quoi il peut
retourner à la nature si c’est un produit végétal ou comment il peut rentrer dans
un cycle fermé pour l’emballage. Tout ce qui est mis en production est ainsi
identifié.
Pour éliminer les COV (composés organiques volatiles) il faut
imposer des seuils qui seront testés par un laboratoire indépendant. La
biodégradabilité du produit est aussi vérifiée au plus près. Le groupe a enlevé
tout microplastique nuisible à la nature. Ils sont les seuls à le faire dans le
monde. Et ça marche. Parce que des produits moins nocifs, c’est un utilisateur
plus heureux et qui respire mieux. En C2C, un produit ne doit contenir aucune
substance toxique. A l’heure où l’on parle de plus en plus des dangers du
plastique Werner et Mertz a déjà recyclé 250 millions d’emballage plastique .
Imaginez vous une bouteille de plastique géante de la taille de la tour
Eiffel ! Alors évidemment pour aller plus loin, il faut que les
pouvoirs publics bougent. L'éco-conception apparaît progressivement dans les
appels d’offres. C’est un premier pas. La loi relative à la transition
énergétique pour la croissance verte prévoit aussi que 70% des déchets du
batiment soient valorisés « matière » dès 2020.
Mais pour en revenir à la Tour Eiffel (je vous épargnerai Notre-Dame), sachez que chaque jour, sur terre, quatre millions de tonnes d'ordures ménagères
sont produites, l'équivalent de 400 Dames de fer ! Et nous pourrions avoir 70%
de déchets en plus d’ici 30 ans. Et voilà je vous plombe le moral à nouveau. Il n’est pas si loin que cela le pas du berceau à la tombe…
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