En ce moment il est beaucoup question d'argent autour de moi. Je ne connais personne qui a gagné au loto et je n'ai pas hérité d'une arrière-grand tante.
C’est tout l’univers du développement durable qui se met à en parler en toute
simplicité.
C’est clair comme de l’eau de roche, la transition sera véritablement complètement
engagée quand la finance changera.
Au Parlement des Entrepreneurs d’Avenir à Bordeaux la semaine dernière, j’ai
eu le grand plaisir d’animer un débat au titre prometteur : « Comment
financer l’économie positive ? » A ceux qui seraient sceptiques ou un
peu déçus, il y en a toujours, je ne peux dire qu’une chose : nous n’avons
pas pour le moment la réponse complète à la question. Donc inutile de me faire
des yeux noirs J Et de demander toujours
plus.
Fort heureusement les lignes commencent à bouger avec des formes
prometteuses de financements alternatifs.
Stéphanie Savel présidente de Wiseed , leader de l’equity crowdfunding a
montré comment le financement participatif gagnait du terrain et comment Wiseed
vise à démocratiser ce financement avec un ticket d’entrée à 100 euros
Fanny Picard fondatrice d’Alter Equity représente l’étape d’après. Elle
finance des projets à partir d’un million d’euros. Le critère : être une
entreprise à impact positif et rentable. Eh oui, c’est on ne peut plus possible!
Matthieu Jubré était présent pour parler de l’arrondi solidaire avec MicroDon lancé en 2009. Il s’agit de verser quelques centimes ou quelques euros
grâce aux transactions du quotidien et de financer des actions solidaires. 2
millions d’euros ont ainsi été récoltés pour 4 millions de micro -dons.
Tous ont des engagements forts mais le reconnaissent : ils sont
minuscules.
William Vidal président du conseil d’administration d' Ecocert qui vient de
lancer un fonds de dotation est convaincu que tout peut changer . Il propose
donc une nouvelle vision de l’économie : prendre en compte les externalités
positives. Ce qui signifie tout simplement accompagner les entreprises ou les
démarches qui pensent à la nature et aux hommes. Penser d’abord durable et non
rentable. Même si les deux sont liés.
On commence à observer des phénomènes
Olivier Millet président de l’AFIC le dit avec humour: « aujourd'hui faire
du private equity sans stratégie ESG (environnemental, social et de gouvernance
pour les néophytes)…c’est ringard. »
Olivier Millet a ainsi fait sourire lors de son intervention ce lundi à une
soirée organisée à l’initiative du C3D, le collège des directeurs du
développement durable. Le thème : la finance investit le durable.
Là encore il était question d’argent.
Je vous rassure il n’y avait pas de bisounours sur scène et dans la salle.
Les instincts grégaires perdurent et le monde de la finance est loin d’être
devenu angélique. Ne nous leurrons pas.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDHYVDEK3oyW8PPVlvbfonfAXAwKJWMpufE9L5wQCtpfpJLUaWILC-hPBLYuycauQZoB0C3LqZDG8PNAQlQjtzZfy0fAqjadX6y_KCswChJ9wJoqnkzkTYB3zlDckEDcUzxbmXm5MLcH4u/s320/finance3.jpg)
« Le dogme de la liquidité permanente n’a jamais été remis en cause
Quand on parle de dette souveraine, on ne parle pas des risques
environnementaux et sociétaux ». Les signaux sont pourtant positifs :il
y a de l’argent et des besoins en infrastructures mais certains n’y vont
toujours pas.
Evidemment il y a eu, il y a un an, une vague de désinvestissement dans les
énergies fossiles. 500 institutions avaient donné un signal fort. Cela se
poursuit. Le Montreal Carbon Pledge en 2014 a également été un accélérateur. En
le signant, les investisseurs s’engagent à mesurer l’empreinte carbone de leurs
portefeuilles et à la rendre publique sur une base annuelle. L’an dernier, la
banque d’Angleterre par le biais de son gouverneur Mark Carney avertissait les
investisseurs sur les risques liés au climat.
Dans le même temps, ce ne sont que 13% des émissions de CO2 qui sont
réellement couvertes par le marché du carbone. Jean Pisani Ferri commissaire
général de France Stratégie nous l’a rappelé.
Tout changera donc si le modèle financier change.
Jean-François Cirelli désormais président de BlackRock France qui est tout
de même la société de gestion d’actifs la plus puissante au monde explique que
dans sa société, le risque environnemental est inscrit comme un risque comme
les autres
"Vous changez la vision des gérants"
Pour Christian Thimann , directeur de la régulation responsabilité d’entreprise
et prospective du groupe Axa, la solution est de « voir long terme car le
long terme n’est pas risqué ». Il faut oser le dire.
Et Jean-François Cirelli d’ajouter : « on va vers une gestion
plus indicielle et donc on va choisir les meilleures entreprises
Celles qui ne seront pas choisies changeront ou disparaîtront »
Des entreprises montrent d'ailleyrs la voie. 200 dans le monde se sont d’ores et
déjà engagées à définir des objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à
effet de serre afin de s’aligner sur la trajectoire « 2 degrés ». C’est
l’initiative Science Based Target. Elles ont tout à y gagner et notamment en
interne. Stanislas Pottier directeur développement durable de Crédit Agricole SA explique ainsi qu’en 2017 son groupe va publier un reporting intégré. « Cela
permet de casser les silos et de faire travailler la stratégie, la direction
financière et les RH ensemble. »
Pascal Canfin peut donc conclure « Je suis positif . Je me dis que les
agences de notation ne peuvent pas faire comme si les risques n’existaient pas.
Quand des acteurs de la finance disent qu’ils sont en mesure d’agir
autrement cela peut avoir encore plus de poids auprès des élus. » L’heure
était donc à l’optimisme hier soir. Pour garder cet élan et pour finir
cette année 2016 en beauté je vais encore parler d’argent . Je vais me
plonger dans « Financer la transition énergétique » d’Alain Grandjean
et Mireille Martini aux Editions de l'Atelier. Un cadeau précieux. Comme l’écrit dans la préface Nicolas
Hulot « l’ambition de ce livre est de parler de finance à ceux qui sont
engagés en faveur de la transition, et de transition aux acteurs financiers. Il
est temps que deux mondes souvent étrangers l’un à l’autre puissent dialoguer…je
souhaite aux lecteurs de faire de ce livre un outil de choix dans le combat
contre la crise climatique ». Pour 2017, je dis banco ! Beau
programme !