vendredi 30 août 2019

Le sourire de Jean-Marc et la lucidité de Ronan




Voilà la rentrée ! Un bref passage par mon blog trop délaissé. Et cela pourrait être le cas à nouveau car la rentrée va partir sur les chapeaux de roue, pollution de l’air et maladies cardiovasculaires, autoconsommation, économie circulaire et bâtiment durable, les sujets ne manquent pas. Et les conférences non plus. Dans un climat de plus en plus anxiogène.
Greta Thunberg traverse l’Atlantique sous les quolibets. La forêt amazonienne brûle.
« De toute façon il est déjà trop tard » nous laisse entendre Yann Arthus Bertrand
Bref certains matins je me dis que je me vais me barrer sur une île déserte...qui prendra l’eau.
Alors hier soir j’ai décidé de prendre l’air ou plutôt de plonger dans les profondeurs.
Et j’ai atterri dans un espace de coworking vers République.
Je pousse la porte et soudain face à moi Jean Marc Barr.
Je vais être franche, je savais qu’il était là c’est même un peu pour cela que j’avais décidé de sortir de mes rendez-vous téléphoniques (les calls comme on dit dans le langage des initiés :)).
Le mythique Jacques Mayol du Grand Bleu 
Cela peut aider à retrouver un peu le moral. 

Il participait à un débat organisé par WeDemain et EPE, Entreprises pour l'environnement autour de cette question « Comment ne plus émettre de carbone en France à l’horizon 2050 ? » En fait c’est la question posée dans une étude ZEN 2050. ZEN pour Zéro Emission Nette réalisée par EPE et qui va faire l’objet d’un hors série de WeDemain. Je vous en dirai davantage un peu plus tard. Mais en résumé il s’agit de faire un pied de nez aux collapsologues et autres défaitistes pour dire que c’est encore possible d'envisager une France neutre en carbone en 2050. D’accord mais vous allez voir qu’il va falloir sacrément bouger.

Jean Marc Barr était donc présent pour représenter le point de vue des citoyens Disons-le, Jean Marc est beau mais ne semblait pas très réveillé ou peut-être un peu étonné d’être là.
En résumé il se définit comme un hédoniste (ouiii JM) qui regarde ce qui se passe un peu avec honte. En saluant les Gilets Jaunes et Extinction Rébellion au passage.
Pour finir par se dire « c’est peut-être mieux de vivre comme dans le bunker d’Hitler et attendre que ça passe ». Voilà qui est dit.
Il a réussi à nous faire sourire car il joue en ce moment un banquier dans une série, le président de la Deustch Bank.
« On peut jouer le diable » lance-t-il avec un sourire à damner tous les saints. 
Les banques n’ont d’ailleurs pas été à la fête ce soir là.
« Elles ne veulent pas sortir la rénovation énergétique du taux d’endettement des Français. Comment voulez-vous avancer ? »
La phrase est lancée par Ronan Dantec qui participait au débat pour représenter les politiques.


Et finalement contre toute attente c’est le sénateur de la Loire-Atlantique, Vice-Président de la commission aménagement des territoires et développement durable qui m’a séduite car il a eu un langage vrai.
Difficile ne pas faire un peu le dos rond quand on voit que les politiques publiques ne suivent pas.
Pour Ronan Dantec, « la Cop 21 a débouché sur un accord réel qui est un vrai succès de la diplomatie française.
Et  pourtant dans les 2 années qui ont suivi, les émissions de CO2 dans notre pays ont augmenté. 
Nous n’avons pas au niveau politique pris la mesure de l’effort nécessaire… »
«La France représente 1% des émissions mondiales, on peut se dire que c’est epsilon.  C’est en fait le socle de la crédibilité de l’accord de Paris. » 
Et Patatras les gilets jaunes.


« S’il n’y a pas un contrat social clair, certains Français regardent avant tout les prix à la pompe.
Le président Emmanuel Macron a un discours fort internationalement mais les politiques publiques ne sont pas à la hauteur des enjeux.
Pour preuve, ce rapport Zen 2050 qui montre que nous n’y sommes pas.
Il faut une fiscalité carbone mais qui soit redistributrice.
Car la fin du mois passe avant la fin du monde.
Nous sommes tétanisés par une orthodoxie financière et nous ne levons pas les verrous. »
L’étude menée par EPE affirme qu’atteindre la neutralité carbone en 2050 est possible mais « cela nécessite des changements sans précédent de nos modes de vie comme de nos usages des énergies et technologies pour réduire nos émissions »  
Pour reprendre le résumé « Certaines tendances sont déjà là comme la diminution de consommation de viande pour l’alimentation, d’autres doivent être modifiées : distance domicile-travail, modes de mobilité, isolation des logements, modes de consommation, effets rebond de l’efficacité énergétique. Il s’agit de massifier les modes de vie des consommateurs aujourd’hui les plus moteurs (20% de la population française), sans gommer la diversité des situations individuelles.

Selon les hypothèses de l’étude, la France pourrait doubler la capacité de ses puits de carbone jusqu’à absorber 100 MtCO2 eq(2) en 2050. Parallèlement, elle diminuerait ses émissions de 80%, soit 4% à 5% par an et diviserait par deux la consommation d’énergie finale pour parvenir ainsi à l’équilibre. L’ampleur de cette transformation est telle qu’elle nécessite des actions au sein de tous les secteurs de l’économie. Le secteur agricole pourrait diminuer de 50% ses émissions actuelles tandis que le secteur du bâtiment et celui du transport domestique atteindraient des réductions supérieures à 90% : les solutions techniques y sont disponibles. »

Ronan Dantec a la dent dure envers les collapsologues de tous poils « ils posent un diagnostic totalement faux et nous éloignent des efforts ».
Il est clair que garder espoir est toujours plus engageant. Jean-Marc Barr met aussitôt les pieds dans le plat: «J’ai envie de retrouver un autre rapport au monde qui peut questionner 500 ans de capitalisme ». Et finalement "une révolution, n’est ce pas aussi revenir au départ", ajoute-t-il.


Bref je suis sortie de cette soirée en me disant que certains y croyaient encore, que les politiques devaient quand même sacrément se bouger, les citoyens aussi, qu’il était quand même plus que temps de prendre les mesures nécessaires, que l’on soit collapsologue ou ultra-libéral, ultra-optimiste. Et que Jean-Marc Barr avait un super beau sourire. Que j’emporterai en souvenir sur mon île déserte…