mercredi 11 mai 2016

Soyons "local " soyons aussi malins!


Le local est devenu très à la mode. On semble soudain redécouvrir son commerce de proximité, on se prend l’envie de manger les fruits de son jardin ou à défaut du producteur du coin. Face aux incertitudes économiques ,rien de tel que de se rassurer avec ce que l’on côtoie. Ce n’est pas un mal loin de là. Et c’est ainsi qu’est né le succès de La Ruche qui dit Oui. Son fondateur Marc-David Chouckroun était il y a quelques jours aux côtés de Jean Moreau co-fondateur de Phenix et d’Arnaud Brulaire responsable développement durable de Picard. Mais qu’est-ce qui peut bien réunir ces 3 hommes ? La réponse : les circuits courts. C’est autour de cette problématique qu’Altavia avait organisé une matinée plus que sympathique. Avec Picard, nous sommes donc dans l’univers du surgelé qui évidemment réfléchit à son approvisionnement. En bout de chaîne , Phenix qui gère les invendus alimentaires et non alimentaires. Tout simplement en mettant en lien notamment les grandes surfaces avec les associations. Quand le groupe s’est lancé, la loi n’existait pas encore. La lutte officielle contre le gaspillage alimentaire change la donne. Bilan de l’année écoulée : 2 millions et demi de repas redistribués indirectement et 2000 tonnes de déchets évités. En pensant ‘local’. La grande distribution est bien souvent montrée du doigt. Il est désormais strictement interdit de mettre de la javel sur ses produits sous peine d’amendes. Mais elle n’est pas la seule responsable de ce gaspillage alimentaire. Figurez-vous que nous sommes, vous et moi, en première ligne. Les grandes surfaces représentent 10% du gaspillage alimentaire, les consommateurs 50%. Ne vous est-il pas arrivé de jeter des yaourts après leur date de péremption ou de vous débarrasser de restes ? Le pain ne reste pas bien longtemps dans les foyers et finit vite à la poubelle.

 
 
 
Finalement c’est le surgelé qui s’en sort mieux. On comprend très bien pourquoi. Picard connait donc très peu le gaspillage. En revanche il commence à réfléchir local. Comme l’explique Arnaud Brulaire, « c’est une nouveauté pour Picard de se rapprocher du monde agricole. Nous avons notamment lancé un projet avec l’INRA et un fournisseur de légumes pour l’amélioration des pratiques agro-écologiques ». Et d'ajouter "Nous serons amenés à nous poser la question de la réorganisation du flux. Mais avec 950 magasins en France nous sommes un peu partout et notre haricot vert est le même. Nous avons tout de même une approche plus locale avec notre agneau du sud. »Et puis comment définir le « local ». A partir de combien de kilomètres peut-on dire que nous ne sommes plus dans cette dimension ? La question se pose et en particulier pour Marc-David Choukroun qui surfe sur le succès. « On voit que cette pureté initial du 100% local s’avère compliquée. 80% , on peut se dire que c’est déjà pas mal. » En Ile-de-France il faut être clair. Si vous souhaitez ne pas dépasser la limite maximale des 250 kilomètres il sera impossible de nourrir tout le monde. Entre aspirations et réalité il y a bien souvent un fossé. On peut alors faire preuve d’inventivité. Comme le dit Jean Moreau plutôt que de perdre de la nourriture pourquoi ne pas en faire un autre produit ? La Croix Rouge a ainsi confectionné de la soupe avec des invendus. C’était en novembre dernier à l’occasion de la Red Touch’Day. DiscoSoupe né à Paris en 2012 propose des sessions collectives pour cuisiner des fruits et des légumes rebuts ou invendus. Phenix aimerait bien travailler en particulier avec Les Repêchés Mignons qui élaborent des confitures. Ils sont basés à Toulouse.

 
 
Quand vous faites vos courses n’oubliez pas aussi les fruits et les légumes moches. Leur saveur est la même. Ou alors créez votre potager. A l’image des Jardins Ouvriers dont j’ai redécouvert l’histoire dans le documentaire de Pierre Guyot, Cent ans de chlorophylle, des jardins ouvriers aux jardins partagés diffusé sur la chaîne Histoire. L’abbé Lemire qui valorisait le local il y a un siècle. Pierre Guyot nous emmène aussi aux Etats-Unis où ces potagers remportent un vrai succès. Ce sont des pistes parmi d'autres. Nous en sommes donc au début et rien n’est simple. Et c’est décidément ce que j’aime avec ces enjeux durables. Si je ne devais donc le dire qu’en une phrase : Les circuits courts , c’est bien c’est bien l’intelligence collective c’est encore mieux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire