mercredi 17 avril 2019

Entre le berceau et la tombe, l’humanité à un tournant


Je l’avoue, j’ai volontairement adopté un ton grave dans mon titre.

Je ne vous ferai pas une litanie sur les espèces en voie de disparition et les émissions de CO2 qui battent des records. Chaque jour j’ai l’envie de vous faire partager des récits de femmes et d’hommes qui croient à un autre monde . Ils sont méritants. Mais parfois on se sent face à un grand vide. Comment peut-on s’acharner à poursuivre sur une voie qui parait de plus en plus perdue d’avance ?

Alors je me ressaisis et je vous parler à nouveau d’espoir.

Connaissez-vous le "cradle to cradle" en français « du berceau au berceau ». Le rêve de tout homme...rajeunir au fil du temps et finir en couche-culottes…mais je m’égare. Nous ne parlerons pas d’immortalité , un peu d’humain mais surtout des ressources .

Elles sont bien précieuses pour notre survie, tellement précieuses qu’elles ne doivent pas finir en déchets .

La C2C Community, association à but non lucratif qui promet le Cradle to Cradle en France organisait une matinée la semaine dernière. Pour être très franche avec vous, le concept m’est désormais très familier pour avoir notamment mis en avant l'un des pionniers en la matière Tarkett et ses revêtements de sol. Mais à écouter cette matinée, force est de constater qu’il reste un long chemin vers l’économie circulaire. Née dans les années 90, ce concept du cradle to cradle est une philosophie mas aussi une norme internationale d’économie circulaire.


C2C Community met en avant le chiffre de 500 entreprises impliquées dans le monde avec près de 8000 produits certifiés. C’est une première étape. Il faut encore diffuser la bonne parole.

Et faire preuve d’humilité face à la nature. Celle-ci recycle tout. La moindre petite bestiole ne laisse pas de déchets. Prenons-en de la graine ! Le principe est donc simple : en fin de vie tout doit retourner à la nature ou servir de matière première secondaire à de nouveaux produits. L’énergie utilisée doit être renouvelable.

Le cradle to cradle s’appuie sur 4 piliers comme l’a rappelé Benoît Renauld président de la C2C Community: efficacité et compétitivité tout d’abord mais notre bonne vieille économie linéaire les connait bien et même de plus en plus. Il faut donc y ajouter la préservation de l’environnement et la santé. Finalement pour changer de modèle, il faut changer sa façon de penser. 

Anne de Béthencourt déléguée générale explique que "dans le développement durable nous avons la conscience de réduire nos impacts mais face au défi que nous rencontrons, il faut penser à avoir un impact nul voire positif." Des pionniers se sont donc lancés alors qu’une réglementation ne l’exigeait pas. 

Plusieurs entreprises sont d’ailleurs venues témoigner pour illustrer ce qui peut se faire dans le domaine du bâtiment. C’est ainsi que Mosa. fabricant de céramiques néerlandaise basé à Maastricht depuis 135 ans a construit toute sa stratégie sur une économie circulaire. Guillaume Grand responsable grands comptes a d’abord une parole de bon sens. « Pour ne pas changer souvent de carrelage, il faut un design intemporel.  C'est aussi simple. Tous les matériaux viennent d’un rayon de 300 kilomètres de l’entreprise.


Le site ne rejette aucune eau, tout est récupéré. » Tous les carreaux ne sont pas nécessairement vendus mais en cas de défaut tout est broyé et réinjecté dans la production. 25% des produits fabriqués avec des carreaux sont aussi récupérés sur les chantiers pour rentrer à nouveau dans le circuit.

Et qui dit entreprise engagée dit aussi salariés heureux. La question de la santé est majeure. Et comme nous sommes en Hollande, chez Mosa, ce n’est pas du fromage que l’on vous offre mais un vélo si vous souhaitez venir travailler en pédalant.

La santé des tous les salariés est également au cœur de la démarche de Werner&Mertz. Crée en 1971, ce groupe est pionnier en matière de produits d'hygiène et de nettoyage de haute performance et intégralement durables. Il s’adresse aux entreprises mais les particuliers la connaissent aussi. Je pense que vous avez déjà vu dans les magasins la grenouille de Rainett. Pour Joséphine Copigneaux responsable marketing, la clé pour des produits « cradle to cradle » est de se poser les bonnes questions avant de mettre un produit sur le marché : savoir en quoi il peut retourner à la nature si c’est un produit végétal ou comment il peut rentrer dans un cycle fermé pour l’emballage. Tout ce qui est mis en production est ainsi identifié. 


Pour éliminer les COV (composés organiques volatiles) il faut imposer des seuils qui seront testés par un laboratoire indépendant. La biodégradabilité du produit est aussi vérifiée au plus près. Le groupe a enlevé tout microplastique nuisible à la nature. Ils sont les seuls à le faire dans le monde. Et ça marche. Parce que des produits moins nocifs, c’est un utilisateur plus heureux et qui respire mieux. En C2C, un produit ne doit contenir aucune substance toxique. A l’heure où l’on parle de plus en plus des dangers du plastique Werner et Mertz a déjà recyclé 250 millions d’emballage plastique . Imaginez vous une bouteille de plastique géante de la taille de la tour Eiffel !  Alors évidemment pour aller plus loin, il faut que les pouvoirs publics bougent. L'éco-conception apparaît progressivement dans les appels d’offres. C’est un premier pas. La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte prévoit aussi que 70% des déchets du batiment soient valorisés « matière » dès 2020.



Mais pour en revenir à la Tour Eiffel (je vous épargnerai Notre-Dame), sachez que chaque jour, sur terre, quatre millions de tonnes d'ordures ménagères sont produites, l'équivalent de 400 Dames de fer ! Et nous pourrions avoir 70% de déchets en plus d’ici 30 ans. Et voilà je vous plombe le moral à nouveau. Il n’est pas si loin que cela le pas du berceau à la tombe…




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire