lundi 13 mars 2017

Regarder ailleurs...


Ne vous en déplaise, j’ai encore envie d’écrire avec mon cœur. Ces temps où la mesquinerie semble l’emporter se prêtent largement aux contre-courants. Je ne cesse de le dire mais cela fait un bien fou d'aller voir ce qui se passe ailleurs.

Je l’ai fait modestement en me rendant à Grenoble. Je sais, ce n'est pas très loin mais cette ville a le mérite de s'appuyer sur d'autres expériences pour construire la ville de demain. C'était tout l’enjeu de la Biennale des Villes en Transition.

Pour moi , il y a eu ce moment fort , le débat sur les nouveaux chemins du bien-vivre que j’ai animé. Freddy Ehlers secrétaire d’état au bien-vivre d’Equateur ( quelle fonction !) n’avait pu faire le déplacement pour cause d’élection présidentielle (décidément!) mais son optimisme nous a portés. Et Nicolas Hulot a trouvé les mots justes pour nous rappeler que finalement la vraie richesse, c’est la nature et ce qui nous entoure.  "Préférer la sobriété au trop-plein, la dignité à l'humiliation, le juste-échange au libre-échange". Certains vont penser que c’est très naïf. Le bon sens fait au contraire du bien en ces temps de campagne électorale très médiocre.


Grenoble vient donc de connaître 4 jours de débats très riches. J'ai beaucoup apprécié d’entendre associations, citoyens et entreprises parler de l'habitat durable, des économies d’énergie, des jardins partagés.  Cet événement a été emblématique de l'ouverture aux autres.
Des délégations d’une vingtaine de villes à travers le monde avaient fait le déplacement. Elles nous ont apporté beaucoup. Je ne les ai évidemment pas toutes entendues mais j'ai envie de mettre en avant 2 témoignages forts: le premier sur le droit des femmes et le second sur l'accueil des migrants.
Les deux représentantes d'une association du Burkina Faso m'ont d’abord donné une grande claque.
Le 8 mars dernier c’était la journée des droits de la femme, la énième pour certains. Elle donne lieu encore et malheureusement à quelques rires sardoniques voire à des remarques sexistes.

Savez-vous qu'à Ouagadougou une femme peut dire : si j'ai offensé mon mari je comprends qu'il peut me battre ? Cette phrase m’a fait froid dans le dos. Ou encore d’entendre que des hommes n’apprécient pas que des femmes se rendent à des réunions d’informations sur la sexualité, l’excision, la violence car ils craignent que « leurs épouses ne soient plus esclaves ». J’ai presque souri d’entendre une intervenante dire qu’elles ont fini par inclure des hommes dans les échanges mais « qu’ils sont difficiles à gérer ». Je ne porte aucun jugement car en France des femmes meurent sous les coups de leurs maris. Il y a simplement encore tellement de chemins à parcourir.

Et que dire de l’accueil des migrants? Le maire d’Essen Thomas Kufen a apporté également un témoignage fort. En 2015, ce sont plus de 2200 migrants qui ont été accueillis dans cette ville d'Allemagne. On sent bien que la démarche n’a pas été si facile. Tout a commencé dans l’urgence avec des tentes et puis les autorités ont trouvé des logements. Priorité a été donnée à l’apprentissage de l’allemand. Le maire estime que l’histoire de la ville peut expliquer son engagement . « Pendant l’industrialisation, nous avons fait venir beaucoup de monde. »  C’est aussi du donnant-donnant « Les réfugiés doivent reconnaître la communauté urbaine comme leur communauté ». Et d’ajouter « la population d’Essen a un grand cœur mais elle veut que les étrangers respectent la culture. »

Thomas Kufen ose là où d’autres renoncent. Etre "une capitale verte européenne" lui donnerait-elle un autre élan ? 70 millions d’euros ont tout de même été investis pour l’accueil des réfugiés. Pour le maire, "l’intégration coûte cher mais la non-intégration coûte encore plus cher". Il s’appuie beaucoup aussi sur les associations pour faire bouger les lignes. C’est d’ailleurs la notion de démocratie participative qui a été valorisée durant ces journées à Grenoble. Le politique guide mais ne peut agir seul. Je ne rentrerai pas dans tous les détails. Je veux juste retenir la belle impression que m’a donné cette intervention. Contrairement à d’autres, Thomas Kufen accepte ce monde en mutation : « Nos villes sont en train de changer et le changement est le sel de la vie ». Encore une belle leçon face à la tentation du repli sur soi.




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