mercredi 17 mai 2017

L’homme providentiel de la transition




J’avoue ne pas être du genre à idolâtrer. Peut-être parce que je perçois relativement bien la part de luminosité mais aussi le côté obscur de la force que nous avons en chacun de nous. Je n’ai donc pas cédé à la Macronmania. Pour être très franche, il m’a même fallu me donner quelques coups de pied aux fesses. Une fois notre nouveau président élu, je me suis dit : « faisons-lui confiance ».  Je sais que l’écologie n’est pas dans ses gênes mais il écoute. Chapeau bas ! Il nomme l’homme qu’il faut là où il faut : Nicolas Hulot. Je ne verserai pas dans l’idolâtrie ,comme je le disais, mais je reconnais avoir un grand respect pour Nicolas Hulot. J’ai suivi ses prises de positions. Le pacte écologique en 2007 avait fait bouger les lignes sous Nicolas Sarkozy. Je l’ai vu de plus près ses derniers mois car j’ai eu la chance d’animer des débats où il était présent, à la Biennale des Villes en transition à Grenoble puis au salon Produrable. J’ai apprécié de l’entendre parler de ce qui me touche. Première rencontre : il entre dans la loge où je finis de peaufiner les échanges, me salue et me dit : « Je vous laisse travailler et vous concentrer, je sais ce que c’est. » Rien à ajouter.



L’homme doit avoir sa part d’ombre mais il a en tous cas une grande qualité, ne pas être mû par la vanité. Son tweet sur sa nomination est à son image : «ceux qui me connaissent savent qu’être ministre n’est pas pour moi un objectif en soi…L’urgence de la situation m’impose de tout tenter pour faire émerger le nouveau modèle de société que nous appelons collectivement de nos vœux. » La tâche n’est pas aisée. Il le dit lui-même. Son ministère porte déjà un nom qui est tout un symbole : « ministère de la transition écologique et solidaire ». On y retrouve les deux aspects du développement durable. La planète évidemment avec son urgence. Alors va-t-on sortir progressivement du nucléaire ? Comment booster les énergies renouvelables ? Dynamiser l’économie circulaire et remodeler toute notre agriculture ? Et plus près de nous quid de Notre-Dame des Landes? Il y a du pain sur la planche.
Nicolas Hulot n’oublie pas l’homme. C’était tout l’objet de l’ appel des solidarités dont je vous ai parlé en mars dernier. Il s’était fait le porte-parole de 80 associations pour interpeller les candidats à la présidentielle.  Faut-il rappeler qu'en France 1 jeune sur 5 vit sous le seuil pauvreté, qu’on dénombre 600 000 logements indignes et 12 millions de personnes touchées par le handicap?




Et Nicolas Hulot de dire à l’époque « la solidarité ne doit plus être une option sous-traitée mais dans l’ADN de notre démocratie. » Nicolas Hulot n’a pas caché avoir voté pour Emmanuel Macron non par adhésion mais par raison «J’ai lu la feuille qu’a envoyée Emmanuel Macron à tous les potentiels électeurs avant le vote de dimanche [7 mai] : il y a une ligne sur la transition écologique…On voit que ce n’est pas une priorité dans son programme, que cela reste une variable »disait-il dans un entretien au Monde. Il est certain que Nicolas Hulot ne veut pas être une variable. Il a posé ses conditions. Ses sujets ont le mérite de transcender les clivages comme le souhaite le nouveau président. Il va devoir bousculer le petit monde qui l’entoure. Et certainement prendre son bâton de pèlerin avec ses camarades. Je le sais moi-même en convaincue.
Cette nomination me donne des ailes. Je perçois plus que jamais que les thématiques que j’affectionne sont celles qui vont façonner le monde et celui de nos enfants. Et qu'elles doivent insuffler dans toute la stratégie d'un gouvernement. Cette phrase de Nicolas Hulot me revient en mémoire « il ne faut pas être naïf, ni bêtement optimiste mais il est trop tard pour être pessimiste. »

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