mercredi 8 février 2017

Et si nous apprenions à être plus intelligents collectivement ?




Je reste une indécrottable optimiste. Donald Trump s'embourbe dans des lois d’un autre temps (jusqu’à quand ?), la classe politique française ne redore pas son blason, la peur s’empare de certains. Et pourtant je reste persuadée que le monde va changer. De toute façon comme dit Buster Moon « quand on a atteint le fond, on n’a plus qu’une seule solution, remonter. » Buster Moon n’est rien d’autre que ce grand koala philosophe héros du dernier dessin animé « Tous en scène ». J’ai des références, vous en conviendrez. Tout cela pour vous dire que comme toujours dans ce bas monde, il y a des êtres convaincus qu’une autre voie est possible. Bernard-Marie Chiquet fondateur d’IGI Partners est l’un d’entre eux. Je l’avais reçu sur mon plateau de Green Business. Nos routes se sont à nouveau croisées. Il continue de prôner l’holacratie. Ce nom ne vous dit rien ? L’idée fait pourtant son chemin. Le mot vient du grec « holos » qui désigne « une entité qui est à la fois un tout et une partie d’un tout » et de « kratos » signifiant « pouvoir ». Objectif : ne plus avoir de chefs suprêmes flattant leurs egos mais un système de gouvernance qui remet le collectif au centre de la stratégie. Si, si, c’est bien cela. Efficacité et agilité deviennent les mots clés.

Et comme le dit si bien Bernard-Marie Chiquet "le pilote c’est la raison d’être." 

En clair, « je bosse pour l’entreprise et c’est elle qui me rémunère. ».


Il s’agit d’aligner les enjeux sur la raison d’être de la structure. Un peu comme si nos politiques se disaient que leur raison d’être c’était le bien-être de leurs concitoyens. Surtout ne souriez pas dans le fond. Le principe est donc très séduisant mais dans un monde où beaucoup se demandent déjà personnellement ce qu’est leur raison d’être, le concept peut paraître très abscons. Sur le papier en tous cas c’est très simple. Il suffit de s’appuyer sur 3 grands principes : un système de pilotage dynamique : l’entreprise s’ouvre ainsi à la créativité de ses membres. Non ce n’est pas un gros mot. Autre principe, une organisation en cercles : l’entreprise est structurée en cercles interdépendants et auto-organisés à la manière d’un éco-organisme. Chaque cercle transcende et inclut les cercles inférieurs. Enfin rien ne fonctionne sans un système de réunion en intelligence collective. Le tout est très facile à comprendre, beaucoup plus complexe pour le commun des mortels.

« On était des charlots au départ , ne le cachons pas » explique avec le sourire Bernard-Marie Chiquet. Maintenant l’holacratie suscite des critiques donc c’est bon signe. Je pense que cela va devenir une évidence. » Bernard-Marie Chiquet y va donc progressivement en comprenant ce qui se passe sur le terrain.
« Notre démarche a commencé avec une réorganisation de la hiérarchie, nous prenons de plus en plus en compte les rapports humains. » Les règles du jeu sont d’ailleurs rédigées dans un fascicule. Une charte que doit approuver la direction, la Constitution Holacracy 4.1.La version 5.0 est en préparation.




Une vingtaine d’entreprises sont déjà dans le mouvement. Des grands groupes dont une compagnie d’assurances qui souhaite rester anonyme pour le moment, Danone (300 sur 100 000 salariés sont d’ores et déjà concernés par cette nouvelle forme de management), Décathlon mais aussi Kingfisher pionnier dans ce domaine.

Des PME s’engagent également. Bernard-Marie Chiquet cite Scarabée Biocoop, magasins et restaurants bio, Solabois devenu Azelan, fabricant de meubles à Nantes, Stylevan fabricant de campings-cars, Inddigo l’un des pionniers du conseil en développement durable.

Et une particularité en Bourgogne : Mobil Wood spécialiste de l'agencement et l'aménagement de magasin en mobilier en bois. Les salariés sont essentiellement des ouvriers mais les règles du jeu fonctionnent aussi très bien. Bernard-Marie Chiquet sent que le sujet commence à intéresser en entreprise. Les PME ont une démarche volontaire, beaucoup se renseignent. Certains ne passent pas le cap car l’ensemble de la société ne suivrait peut-être pas. Mais il y a une aspiration au changement. Bernard-Marie Chiquet croit d’ailleurs beaucoup en la jeune génération qui n’a plus le même regard sur l’entreprise.
Je ne saurai dire que l’holacratie est la panacée. Elle a au moins le mérite de proposer de changer nos vies professionnelles. De chausser d’autres lunettes comme j’aime à le dire. Brian Robertson créateur de l'holacratie compare sa pratique à celle du vélo: "les organisations sont souvent pilotées à la manière d'un cycliste qui dirigerait son vélo les yeux bandés. L'holacratie signifie piloter les yeux grands ouverts." Une meilleure façon de s'adapter et de gérer le quotidien. Nous en aurons besoin à l'avenir car le monde va très vite. Lâcher prise tout en restant droit dans ses bottes, en voilà un joli programme!



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