mercredi 21 octobre 2015

La Glace et le ciel : indispensable

Un homme dressé dans l'infiniment blanc. Autour de lui, à perte de vue de la glace. L'homme a le regard droit. Il observe avec tendresse mais aussi une pointe de tristesse la planète. La caméra tourne autour de lui, capte sa présence dans cette immensité. Cet homme c'est ClaudeLorius, 82 ans. L'un des scientifiques qui a mis en avant la responsabilité de l'homme dans le dérèglement climatique. En réussissant à faire renaître des bulles de vie dans la glace. Des bulles vieilles de 400 000 ans. Qui ont raconté le climat. Au fil des siècles, les températures moyennes ont monté puis descendu de 5 degrés. Le cycle normal. Et soudain l'accélération en quelques décennies. Trop de CO2. La preuve était faite. Claude Lorius est la vedette du dernier film de Luc Jacquet la Glace et le ciel. J'ai eu la chance de le rencontrer à l'avant-première. Avec modestie, l'homme était touché par les applaudissements de la salle. Rien que pour lui, sa force de caractère, le film vaut le détour. Luc Jacquet l'a réalisé avec grâce. On sent l'affection qu'il porte au personnage. Les archives alternent avec des images actuelles de Claude Lorius qui retourne en Antartique. Là où tout a commencé en 1956. Il avait alors 23 ans. Une grande envie d'aventure. De fouler une terre inconnue. Il a finalement découvert toute l'histoire de notre humanité et a compris ce qui la menaçait.

 


Luc Jacquet réussit à nous passionner avec ses hommes qui ont vécu dans des conditions infernales. Des températures avoisinant les moins 50 degrés. Dans un cas extrême moins 90 degrés. Claude Lorius répare le poste de vigie qu'il avait fabriqué pour ses observations. Il se brûle les doigts en enlevant ses gants. Mais il continue, s'acharne. Il y a de la chaleur humaine. Cet homme a fédéré autour de lui des Russes et des Américains pour une cause: la planète. Jamais de mièvrerie, juste un témoignage fort.On peut ressentir certaines longueurs, elles tiennent à la nature du récit. Qui crée le suspense. Faire des carottes dans la glace peut sembler presque anodin, ces gestes répétés permettront finalement de faire avancer la connaissance sur le climat dont on parle beaucoup en ce moment. Luc Jacquet qui a tout de même réalisé La Marche de l'empereur et Il était une fois une forêt, y mêle de la poésie. A l'image de cette petite fille qui joue sur une plage avec du sable qui est emporté par les eaux. On comprend vite le symbole. Les esprits un peu critiques n'y seront pas sensibles. C'est bien l'avenir de nos enfants et petits-enfants qui est en jeu.

 
Comme Home de Yann-Arthus Bertrand, ce film est co-produit par Kering. François-Henri Pinault, PDG du groupe explique qu'il est important que les entreprises du secteur privé prennent en charge ce sujet, leur avenir en dépend aussi. "Le cinéma fait partie des médias les plus puissants pour faire passer les messages". Pour moi ,le film devrait être diffusé dans les écoles. Et à tous nos dirigeants qui vont se retrouver à Paris à la fin de l'année. Qui n'ont pas bougé en vingt décennies. Nous sommes peut-être à un tournant. A la fin du film on retrouve des archives des interventions de Claude Lorius depuis plus de 30 ans à la télévision notamment face aux climatosceptiques. Lui-même se demande humblement s'il a servi à quelque chose. Oui Monsieur Lorius car enfin certains comprennent. Il est peut-être trop tard pour tout enrayer mais pas assez pour reprendre le contrôle. Alors comme vous dites si bien Monsieur "mettons notre énergie à défendre la planète"!

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